Crédit image : Google Maps, consulté le 4 octobre 2023
Contexte : le feu au Canada atlantique
Le feu est et a toujours été un élément naturel des écosystèmes forestiers dans l’ensemble du Canada. S’il est plus courant dans l’Ouest et le Centre du pays, le feu a également été un élément régulateur des écosystèmes du Canada atlantique, en particulier avant l’arrivée des colons européens. Au cours du siècle dernier, cependant, il est devenu pratique courante au Canada de tenter de maîtriser tous les incendies. Les modifications de la structure de la végétation dues à la suppression des incendies, à une gestion forestière qui s’éloigne des pratiques traditionnelles autochtones et à la prévalence de tempêtes dévastatrices ont rendu les forêts sujettes à des incendies plus graves et plus désastreux. Aujourd’hui, les changements climatiques exacerbent cette tendance étant donné que les épisodes de chaleur et de sécheresse deviennent plus fréquents. Les sécheresses permettent donc aux incendies de brûler plus facilement, car la végétation, le bois mort et la matière organique sont desséchés.
Alors que le risque d’incendie de forêt augmente avec le temps, de nombreuses municipalités continuent d’empiéter sur les zones naturelles. Ces zones – telles que les lotissements de Upper Tantallon, en Nouvelle-Écosse – peuvent être particulièrement vulnérables aux incendies de forêt en raison de la façon dont elles se mélangent aux zones boisées naturelles.
Les stratégies visant à protéger ces collectivités des incendies nécessitent souvent des modifications de l’environnement, ce qui peut en revanche nuire à la résilience de l’écosystème. L’un des moyens pour les municipalités de réduire ces impacts et d’assurer une meilleure protection contre les incendies consiste à modifier leur approche de l’aménagement du territoire et de la croissance future.
L’adaptation de quartiers à risque : stratégies et enjeux
Une partie de la recherche et des connaissances sur la planification de l’adaptation aux incendies de forêt recommande de concevoir de manière préventive des collectivités dotées de coupe-feu. Il s’agit généralement de corridors linéaires où la végétation est débroussaillée pour réduire la propagation des incendies. Il est notamment suggéré de déboiser pour aménager des terrains de golf, des magasins à grande surface et des routes, voire de fixer des largeurs de route minimales. L’élimination de pans de forêts afin d’empêcher la propagation dans les collectivités des incendies de forêt peut certes contribuer à ralentir la propagation des incendies dans un paysage. Toutefois l’abattage de bandes d’arbres peut augmenter le ruissellement, l’érosion des sols, la sédimentation et la pollution des masses d’eau avoisinantes. De plus les coupe-feu linéaires, y compris les routes, peuvent entraîner une fragmentation de l’habitat et une réduction de la biodiversité.
Les recommandations concernant les collectivités adaptées au feu, telles que celles mentionnées ci-dessus, se concentrent sur la modification de l’environnement pour l’adapter à l’homme, plutôt que sur la réduction des impacts environnementaux. Il peut s’agir de mesures pratiques pour protéger les collectivités existantes, mais il existe d’autres options pour le développement futur qui auraient moins d’impact négatif sur l’environnement. Une forme de développement plus compacte serait bénéfique pour les écosystèmes et permettrait aux municipalités de fournir des infrastructures – y compris des services d’urgence – à des coûts moindres.
Une autre forme de développement futur
Une autre approche pour l’adaptation des collectivités de l’avenir pourrait être l’adoption de stratégies de retrait ou d’évitement, plutôt que de s’appuyer entièrement sur la protection des collectivités à risque. Ces stratégies, plus courantes et plus efficaces pour la gestion des risques d’inondation, impliquent d’éviter le développement dans les zones côtières vulnérables plutôt que d’ériger des barrières physiques pour protéger les développements côtiers des inondations et de l’érosion.
De même, plutôt que de s’étendre dans des zones naturelles où les incendies de forêt sont plus fréquents, les municipalités pourraient s’efforcer de contenir les nouveaux développements dans une zone urbaine plus compacte. Le cas échéant, des matériaux de construction résistants au feu pourraient être utilisés pour réduire le risque de propagation des incendies. La ligne de démarcation entre les zones naturelles et les zones développées pourrait ressembler davantage à une interface courte et bien définie plutôt qu’à un mélange. Voici quelques avantages de ce mode de développement :
- Les collectivités à forte densité occupent moins de terrain et ont moins d’impact sur l’environnement.
- Les collectivités à haute densité ont des périmètres plus courts en bordure de la zone sauvage, ce qui réduit le risque d’exposition aux incendies.
- Les collectivités à forte densité sont plus rentables pour les municipalités qui doivent fournir des services et des équipements, y compris des infrastructures d’approvisionnement en eau et de protection contre les incendies.
- En évitant de développer des zones naturelles, on laisse plus de place au feu pour qu’il joue son rôle naturel sans devoir être réprimé, ce qui permet d’obtenir des écosystèmes plus sains et plus résistants.
Les stratégies qui utilisent des coupe-feu pour ralentir la propagation des incendies peuvent être utiles dans certains contextes, en particulier pour protéger les zones vulnérables grâce à des approches communautaires ou dirigées par des Autochtones. Pour les développements futurs, il est possible d’atténuer les risques et de protéger les écosystèmes en réduisant le plus possible l’étalement urbain. Les municipalités pourraient vouloir reconsidérer leur approche à long terme à l’égard des développements futurs afin de faciliter une meilleure protection contre les incendies, de réduire la vulnérabilité des collectivités aux feux de forêt et de réduire les impacts négatifs sur les écosystèmes.
Lectures complémentaires :
(à noter que les sources citées ci-après sont en anglais seulement)
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