Lorsqu’il s’agit de répondre aux impacts des changements climatiques, on retrouve souvent deux termes : adaptation et résilience. Ces deux termes sont souvent utilisés ensemble et parfois de manière interchangeable, mais que signifient-ils vraiment? Il est essentiel de comprendre leur lien et d’adopter une approche intégrée pour se préparer efficacement à l’évolution du climat.
Adaptation et résilience
Les chercheurs font une distinction entre les deux termes. L’adaptation consiste à prendre des mesures et à exploiter les possibilités de limiter les effets négatifs des changements climatiques, tout en s’adaptant à la vie dans un climat changeant. L’adaptation reconnaît que certains effets des changements climatiques requièrent des mesures pour protéger l’environnement et les collectivités.
On entend souvent par résilience la capacité à « rebondir » après une perturbation. Il s’agit de la manière dont les personnes, les institutions, les entreprises et les systèmes survivent, changent, si nécessaire, et prospèrent même lorsqu’ils sont confrontés à des défis. Faire preuve de résilience c’est être capable de tenir compte de l’ensemble de la situation pour prendre des décisions; cette démarche est largement utilisée dans d’autres domaines et secteurs. Une démarche axée sur la résilience reconnaît les liens entre divers défis systémiques, tels que les changements climatiques, la pauvreté et le vieillissement des infrastructures.
Adaptation et résilience : la nécessité d’une approche holistique
Imaginons les impacts des changements climatiques comme des coups portés à un système. D’après cette comparaison, l’adaptation pourrait se traduire par esquiver ces coups, utiliser des stratégies pour les atténuer, exploiter l’énergie des coups et l’utiliser à son avantage. La résilience pourrait consister à renforcer la stabilité et la force du système pour tolérer davantage de coups et/ou des coups plus durs, à se rétablir plus rapidement entre les coups et à constituer une réserve suffisante pour se relever constamment.
L’adaptation et la résilience sont complémentaires. La résilience pourrait ne pas être possible sans adaptation et vice versa. Considérez ceci : si nous ne nous adaptons pas de manière adéquate, notre capacité à rebondir risque d’être amoindrie. Inversement, les objectifs d’adaptation peuvent également ne pas être atteints si les systèmes sous jacents manquent de résilience. La combinaison de l’adaptation et de la résilience peut créer un cadre holistique permettant de relever efficacement les défis du climat actuel.
Face aux défis posés par les changements climatiques, il est devenu évident qu’une approche fragmentaire ne suffit pas. Les collectivités ont besoin d’une stratégie globale qui comble l’écart entre l’adaptation et la résilience. Envisager l’adaptation et la résilience dans une optique intégrée peut offrir une voie plus efficace pour relever les défis de toutes sortes posés par les changements climatiques. Par exemple, certaines stratégies d’adaptation, qui ne tiennent pas compte de la résilience, peuvent involontairement conduire à une mauvaise adaptation. Prenons l’exemple des structures de blindage côtier conçues pour protéger une propriété en tant que mesure d’adaptation. Bien qu’ils puissent sembler efficaces à court terme, ces projets ne tiennent souvent pas compte de leur impact sur les propriétés voisines, les habitats côtiers et la résilience globale. Cette vision étroite axée sur la protection des biens individuels peut donner un faux sentiment de sécurité à l’individu, ce qui peut limiter l’adaptation en tant que processus évolutif. Elle limite également la possibilité de s’attaquer aux problèmes systémiques. Les mesures d’adaptation comme le blindage des côtes peuvent en fait nuire à la résilience de l’ensemble de l’écosystème côtier, entraînant des conséquences pour la collectivité et l’environnement. Le blindage des côtes montre qu’il est essentiel d’intégrer les considérations d’adaptation et de résilience pour éviter des résultats mal adaptés et créer des solutions plus durables.
Les dimensions interdépendantes de l’adaptation et de la résilience
Les systèmes résilients sont plus aptes à s’adapter à des conditions changeantes. Les systèmes interdépendants existent non seulement dans l’environnement naturel, mais aussi dans différentes dimensions :
- Les écosystèmes et la biodiversité : Dans les environnements naturels, la résilience et l’adaptation sont étroitement liées. Les écosystèmes à forte biodiversité ont une meilleure capacité de répondre aux perturbations et de s’adapter à de nouvelles circonstances.
- • Bien-être des collectivités : La résilience et l’adaptation sont les piliers d’une collectivité saine. Les régions qui investissent dans l’adaptation (par exemple, des infrastructures résistantes aux inondations, un retrait planifié) garantissent qu’elles seront en mesure de retomber sur leurs pieds après des événements extrêmes et de maintenir le bien-être mental et physique de leurs populations. Cela est de plus en plus vrai pour les populations vulnérables. En adaptant les stratégies aux besoins spécifiques des collectivités, nous améliorons non seulement la résilience, mais nous contribuons également à l’équité sociale.
- Politiques et gouvernance : Pour soutenir l’adaptation, les politiques et les cadres réglementaires, les modèles de gouvernance doivent être flexibles, dynamiques et réactifs. En anticipant la nécessité de procéder à des ajustements, ils peuvent mieux aider les collectivités à répondre à des événements imprévus. La gouvernance résiliente favorise également la transparence et la collaboration pour le bien-être des collectivités.
Il existe des liens entre ces dimensions, interdépendantes. Pour travailler efficacement à la résilience par l’adaptation, il est essentiel de reconnaître les relations qui existent entre la biodiversité, le bien-être des collectivités, la gouvernance et tous les écosystèmes. Prenons l’exemple de la ville de Mahone Bay, en Nouvelle-Écosse, qui est confrontée à l’élévation du niveau de la mer et à des tempêtes plus fréquentes. Grâce à un projet de rivage vivant, la ville a adapté son littoral. Les politiques de soutien qui ont facilité la mise en œuvre de ce projet ont permis au littoral de Mahone Bay de résister aux phénomènes météorologiques extrêmes grâce à la résilience de son écosystème côtier, tout en s’adaptant à l’élévation du niveau de la mer au fil du temps. Tout cela contribue à la résilience et au bien-être de la collectivité.
Conclusions
Dans le contexte des changements climatiques, il est essentiel de comprendre les rôles distincts mais interdépendants de l’adaptation et de la résilience. Bien qu’il existe des différences conceptuelles entre les deux, dans la pratique, ce sont leurs liens qui ressortent. Ensemble, ils forment une synergie qui favorise une action efficace. La prise en compte du lien entre les systèmes et les approches permet de prendre des mesures d’adaptation innovantes, globales et durables.
Lisez l’article sur le bassin de rétention des eaux pluviales naturalisé de la ville de Sackville dans notre prochain blogue; il met en évidence le lien entre l’adaptation et la résilience.
Références
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